Le traitement

Publié le par Valkyns


Le traitement de la maladie de Dupuytren est chirurgical, car aucun traitement médical n’a jusqu’à ce jour fait la preuve de son efficacité (en particulier les infiltrations).

Il faut mettre à part les « aponévrotomies » à l’aiguille, qui consistent à sectionner les brides sous la peau avec la pointe d’une aiguille. Cette méthode simple mais aveugle comporte un risque important de sectionner les nerfs sensitifs du doigt (voir photo ci-dessus). D’autre part, elle laisse en place les tissus malades, qui ne sont que sectionnés. Elle n’est donc justifiée que dans certaines formes débutantes de la maladie, où seule l’articulation métacarpo-phalangienne du doigt présente un déficit d’extension, lorsque la bride est superficielle et ne s’étend pas dans le doigt.

Puisqu'on ignore la cause de cette maladie et ses facteurs de poussée évolutive, le traitement chirurgical n'a pas la prétention de guérir le patient, qui doit être informé du risque imprévisible de récidives et/ou d'extension de la maladie, toujours possible malgré l’intervention. 

La chirurgie a pour but de rendre aux doigts atteints leur possibilité d'extension active, si possible sans entraîner de complications. L’intervention n'est donc justifiée que lorsqu’il existe un déficit d’extension d’un (ou des) doigt(s). Il est très facile de voir si ce déficit d'extension existe ou non, par le test de la table : tant que le patient peut poser sa paume bien à plat sur une table, il n'existe pas d'indication opératoire. Si un déficit d'extension commence à se manifester, la chirurgie peut être envisagée, d'autant plus rapidement que ce déficit est situé au niveau des articulations interphalangiennes (enraidissement rapidement irréversible).

D'autre part, la maladie de Dupuytren n'est pas un cancer, et les interventions étendues préconisées autrefois dans le but de prévenir les récidives n'ont actuellement plus aucune indication. Il faut se contenter de rétablir l'extension des doigts atteints en ne retirant que les seuls tissus malades (« aponévrectomie » sélective), en respectant les parties normales de l'aponévrose.

Si la maladie est bilatérale, il ne faut jamais opérer les deux côtés dans le même temps opératoire, pour des raisons évidentes d'hygiène élémentaire post-opératoire, afin que le patient puisse continuer à faire sa propre toilette avec la main non opérée.

Toute la difficulté de l’opération tient au fait que les artères et les nerfs sensitifs des doigts, qu’il faut évidemment respecter, sont plus ou moins étroitement liés aux tissus malades, qu’il faut enlever. Cela n’est malheureusement pas toujours possible, et des blessures ou des sections nerveuses ou artérielles des doigts peuvent survenir, surtout dans les cas récidivés et opérés de nombreuses fois. 

D’autre part, il n’est pas toujours possible au chirurgien d’étendre les articulations interphalangiennes lorsqu’elle sont atteintes depuis longtemps. Dans ces cas, il est préférable de respecter un certain déficit d’extension plutôt que de forcer sur une articulation pour l’étendre, et risquer ainsi des dégâts irréversibles qui l’empêcheront de se fléchir à jamais.

Dans certains cas évolués ou multiopérés, un blocage en bonne position d’une articulation (« arthrodèse ») voire une amputation de l’auriculaire peuvent être proposés.

Chaque fois que cela est possible, la peau de la paume est suturée en fin d’intervention. Mais il arrive assez souvent que cette suture soit impossible parce que la peau était rétractée depuis longtemps, et dans ces cas le chirurgien peut délibérément choisir de laisser la paume ouverte, en laissant la perte de substance cicatriser sous des pansements gras (voir « cicatrisation dirigée »). Lorsque la peau est très atteinte, ou par principe devant une forme « juvénile » de la maladie, il peut aussi choisir d’enlever la peau malade et de la remplacer par une greffe de peau totale, qui est généralement prélevée dans la région du coude du côté opéré (voir « greffe de peau totale »). Les récidives de la maladie sont très rares sous une greffe de peau (mais une extension de la maladie à côté de la greffe reste toujours possible).

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